Alan Kotok - père de la première manette de jeu vidéo

Alan Kotok est un informaticien américain qui contribua à Spacewar, le premier jeu vidéo interactif sur ordinateur pour lequel il co-créa le contrôleur de jeu (ou joystick) avec Robert Saunders.
publié le 27 octobre 2016 mis à jour le 15 septembre 2023
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Alan Kotok est un informaticien qui a grandement contribué à la création du premier programme de jeu vidéo lorsqu'il était membre d'un petit groupe d'étudiants du MIT au début des années 1960

Lorsqu'il était étudiant au Massachusetts Institute of Technology, il a pu acquérir le goût des ordinateurs en rejoignant à la fin des années 1950 le MIT Model Railroad Club, une organisation qui est devenue rapidement un incubateur très efficace dans le domaine de la conception assistée par ordinateur.

Composé par des étudiants qui s'autoproclamèrent très vite "pirates informatiques", ce groupe visait à produire des "hacks", autrement dit selon leur propre définition "des projets sans fin constructive". Leur projet amateur de jeu vidéo, Spacewar!, fut conçu en 1962 dans cette optique.

L'aventure de Spacewar!

Jeu Vidéo, une histoire à inventer

Situons un peu le contexte : à l'époque, s’il existait bien des jeux vidéo, ils sont avant tout des concepts initiés dans le but d'illustrer des travaux scientifiques. C'est le cas d'Oxo, un jeu conçu en 1952 par l’étudiant A.S. Douglas, de l’Université de Cambridge. Ce jeu de morpion n'est là que pour illustrer la thèse du jeune homme qui porte sur les interactions entre les humains et les ordinateurs. Quant à Tennis for Two en 1958, s'il est le plus célèbre de ces tout premiers précurseurs, ce jeu de tennis sur oscilloscope est surtout une attraction destinée à divertir les visiteurs des journées portes ouvertes du Brookhaven National Laboratory à Upton.

1962 - l'année où Spacewar! a tout changé

Quand en 1961, le Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.) reçoit l’ordinateur PDP-1 de la société DEC (Le PDP-1 est le premier ordinateur construit par la société américaine Digital Equipment Corporation de 1959 à 1970) Steve Russell se demande s'il n'est pas possible d'améliorer les démonstrations de la machine. Sous son impulsion, un groupe d'étudiants se mobilise afin d'élaborer des idées dignes de la machine.

C'est Wayne Wiitanen - il faut dire grand amateur de SF - qui propose l'idée des vaisseaux spatiaux. Reste à proposer des interactions avec l'écran.

Uniquement jouable à deux joueurs humains, le principe du jeu est simple : détruire le vaisseau de l’adversaire en veillant à ne pas subir la force gravitationnelle du soleil placé au milieu de l'écran. Pour se faire, il sera possible de se déplacer, accélérer, esquiver et tirer des missiles, à condition de bien gérer son carburant et les munitions proposées en quantité limitée.

Spacewar! est un jeu qui nécessite des réflexes hors du commun. Contrôlé au début par des commutateurs sur le PDP-1, le joueur utilise finalement des commandes au clavier ou une manette pour diriger un petit navire capable de tirer ses torpilles à travers l'écran. Le gamepad proposait un interrupteur pour tourner à gauche ou à droite, un autre pour la poussée ou l'hyperespace vers l'avant, et un bouton pour le lancement des torpilles.


Alan Kotok, Steve Russell, Martin "Shag" Graetz jouent à Spacewar! au Computer Museum de Boston

La raison pour laquelle le jeu fut multijoueur résidait uniquement dans le fait que l'ordinateur n'avait pas assez de ressources pour gérer le contrôle de l'autre navire. Le leader du groupe,  Steve Russell, n'était pas le même moteur visionnaire que Kotok et c'est ce dernier qui concrétisa le projet. Même s'il n'a pas écrit le code d'origine, ce dernier peut être ainsi considéré comme la source d'inspiration principale dans la conception du jeu.

Mais ce n’est pas sa seule contribution dans le domaine du jeu. Sa thèse au MIT s’intitule « A chess playing program for the IBM 7090 computer » et aboutit à l’un des premiers programmes d’échecs, Kotok-McCarthy en 1962, mais bien après Alan Turing.

Kotok pris sa retraite en 1996,  après une carrière de 34 ans. Pendant les dernières années de sa vie, il fut le président adjoint du World Wide Web Consortium (W3C), responsable de la gestion des relations contractuelles avec les membres du W3C