Nuit - La révolution manga - à l'Institut Lumière

du Samedi 30 septembre 2017 au Dimanche 1 octobre 2017

Institut Lumière - Lyon 8ème

Affiche Nuit - La révolution manga - à l'Institut Lumière

20h30 "Akira" de Katsuhiro Ôtomo (1988, 2h04, coul)

Adapté d'un manga culte en cours de réédition, Akira a marqué des générations de spectateurs et artistes. Par son esthétique, l'une des plus racées et vertigineuses du courant cyberpunk (une ramification pessimiste et violente de la dystopie). Par sa virtuosité visuelle et rythmique. Mais aussi et surtout par son ton révolutionnaire. "Œuvre antisystème" de l'aveu de son propre auteur, Akira oppose une jeunesse ivre de drogue, de vitesse et de sexe à une bureaucratie corrompue et tyrannique. Dans le Japon des années 80, ultra-conformiste et hanté par les fantômes de la Seconde Guerre mondiale, le film fut un choc. 30 ans après, sa puissance est intacte.

23h15 "Perfect Blue" de Satoshi Kon (1997, 1h21, int. - de 12 ans)

L'animation japonaise, une forme de cinématographie comme une autre ? À une époque où le manga était encore considéré comme un divertissement de masse en appelant aux plus bas instincts de la jeunesse, Perfect Blue a permis à la critique internationale de répondre par l'affirmative. Il faut dire que le premier film de Satoshi Kon prend le contrepied des clichés du genre : thèmes adultes (crise d'identité, aliénation médiatique), primauté de la mise en scène (volontiers expérimentale) sur la pyrotechnie, graphisme léché... Le tout au service d'un thriller psychologique "parfaitement" angoissant, quelque part entre Dario Argento et Brian de Palma.

1h Jin-Roh, la brigade des loups de Hiroyuki Okiura (1999, 1h42)

Adapté d'un manga de Mamoru Oshii (Ghost in the Shell), Jin-Roh n'est pas l'une des œuvres les plus connues de l'animation japonaise. Mais elle est l'une des plus iconiques, avec son cachet techno-fascisant entièrement fait main. Au-delà, le premier film d'Hiroyuki Okiura se déploie comme un conte, en l'occurrence une variation sur Le Petit Chaperon rouge, avec ce que cela suppose d'humanisme (il s'articule autour d'une romance entre une rebelle et un suppôt de l'État), mais aussi de méditation. Déjouant les attentes, Jin-Roh privilégie en effet les chaos intérieurs aux déchaînements de violence, pour un résultat aussi poétique qu'émouvant.

3h15 Amer béton de Michael Arias (1999, 1h51) 

Le film le plus atypique de la sélection, et pour cause : il est la première réalisation d'un Américain. Mais un Américain qui a fait ses armes chez Ghibli et adapté un manga de Matsumoto Taiyo, dont l'agilité et la rage, en rupture totale avec les canons du Pays du soleil levant (les grands yeux carrés et tutti quanti), est ici retranscrite avec une maestria de chaque instant. Il fallait bien cela pour rendre le spleen et l'onirisme esquintés de ce portrait d'orphelins dignes d'un film de Takeshi Kitano. Tiraillé entre deux mondes et entre deux fois plus de genres (du polar à la SF), Amer béton ne ressemble à rien de connu. Sa cruauté et sa modernité n'en sont que plus vibrantes.

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