Écologie : comprendre l'impact de l'industrie du jeu vidéo pour mieux agir

L'écologie est au cœur de tous les débats et si l'industrie du jeu vidéo en était pendant longtemps éloigné, ce n'est plus le cas aujourd'hui. L'industrie du jeu vidéo a, elle aussi, un impact conséquent sur l'empreinte carbone et il y a des pratiques et des tendances qui peuvent empirer en ce sens. C'est notamment le cas du cloud gaming qui est décrié pour son impact trop important sur l'environnement. Il s'agit de comprendre quels sont les enjeux et les impacts de nos modes de consommation dans le jeu vidéo pour trouver des solutions adaptées. 
publié le 24 mai 2022 mis à jour le 29 juin 2022
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Le tournant du cloud gaming 

Le jeu vidéo s'est développé comme de nombreuses industries, mais en restant relativement loin des considérations écologiques. À première vue, il n'y avait rien de particulièrement polluant, contrairement à des industries comme l'aviation par exemple. Pourtant, il faut bien des ressources pour alimenter tous les terminaux, les consoles et les serveurs qui sont nécessaires à l'utilisation actuelle des jeux vidéo. Ainsi, on estime à 37 millions, les tonnes d'équivalent CO2 émises par l'industrie du jeu vidéo. 

Un chiffre qui est bien en deçà des plus grandes industries polluantes, mais qui pourrait bien augmenter à l'avenir. En effet, tout n'est pas joué pour le monde du jeu vidéo, puisque l'on arrive seulement à l'aube d'un tournant qui pourrait déterminer l'évolution de l'empreinte carbone de cette industrie. Deux possibilités semblent s'offrir aux joueurs. Soit une évolution en faveur du cloud gaming, de la dématérialisation à tout prix et de la consommation abondante de jeux, soit une évolution qui s'arrêterait là et inciterait les joueurs à conserver leurs matériels un maximum, favoriser le local et la consommation responsable. Il y a des solutions innovantes à adopter, comme utiliser des systèmes de batterie domestique rechargeable avec des panneaux solaires pour consommer moins d'électricité, chez soi ou en déplacement. Il y a aussi tout simplement des innovations polluantes à rejeter pour améliorer la situation et l'impact environnemental du jeu vidéo. 

L'impact du dématérialisé

Le dématérialisé est une évolution qui semblait véritablement inévitable. De nombreuses industries y sont passées, comme la musique ou le cinéma. Partant pourtant d'une idée qui peut apparaître comme une avancée écologique, en réalité, le dématérialisé à tout prix demande aussi beaucoup de ressources. C'est pourtant une très forte tendance du point de vue de l'industrie. Le cloud gaming ou le cloud computing semble beaucoup intéressé. On a vu des projets comme Stadia pour Google, Shadow en France ou encore XCloud chez Microsoft. Ces nouvelles manières de jouer via un système d'abonnement et sans posséder tout le matériel sur place à de quoi séduire. 

L'objectif est de transformer la manière de consommer du jeu vidéo, en ayant accès via une plateforme et son catalogue à une multitude de jeux, comme on pourrait consommer un film ou une série sur un service de vidéo à la demande. Dans le même esprit de transformer le jeu vidéo en un service, les nouvelles consoles proposent également des systèmes d'abonnement ou de pass pour profiter des jeux sans les acheter définitivement.

L'empreinte carbone de l'industrie

Comme on pouvait le penser initialement, l'initiative de dématérialiser des produits a l'air intéressante. Cela permet de réduire la production de boites, de disques, de livre de jeu, etc. On peut imaginer que c'est vers cela qu'il faut tendre. Les acteurs de l'industrie sont d'ailleurs les premiers à le rappeler. Il y a moins de plastique, de composants électroniques à posséder. De plus, un appareil de cloud gaming est bien moins puissant et donc énergivore qu'une console ou qu'un ordinateur. On nous présente alors le cloud comme un service qui s'affranchi du matériel et donc économise des ressources matérielles et même du transport. 

Pourtant, cela n'est qu'un bien pour un mal. En effet, les joueurs sont nombreux à ne pas être convaincu par ces discours, puisque l'on sait aujourd'hui que les technologies cloud sont particulièrement voraces en électricité. Faire tourner les data centers demande beaucoup de ressources et le bilan n'est pas positif pour l'empreinte carbone. Une étude de juin 2020 a d'ailleurs émis des hypothèses concernant l'empreinte carbone de l'industrie du jeu vidéo selon les évolutions futures. 

Les hypothèses

Ainsi, les chercheurs de l'université de Lancaster estiment que les émissions de l'industrie pourraient atteindre 1.5 milliard de tonnes en CO2 dans la décennie à venir, si le cloud computing reste un phénomène de niche. À l'inverse, si seulement un tiers des joueurs décidaient de jouer uniquement avec leurs smartphones plutôt qu'avec une console, le chiffre grimpe de 30 %. Enfin, si 90 % des joueurs passaient au cloud computing, l'empreinte carbone monterait de 112 %. 

Comprendre l'origine d'un tel impact 

Le problème de l'industrie du jeu vidéo et du numérique en général est que l'on a tendance à ne pas voir l'impact réel des usages. Tout est en ligne, quelque part sur des serveurs, ainsi on ne se rend pas compte de notre impact. Pourtant, tout est bien matériel et demande des ressources. À commencer par le streaming par exemple, qui demande beaucoup d'électricité pour gérer les demandes, d'autant plus que les quantités de données sont plus grandes avec les dernières résolutions comme la 4k. C'est exactement pareil pour les services de cloud gaming qui vont demander encore plus de débit pour une bonne qualité en streaming. Le problème est que l'électricité requise pour faire fonctionner cela provient en grande partie du charbon. 

On peut aussi citer le renouvellement trop rapide et trop massif des appareils, comme des écrans de plus en plus grands, comme origine d'empreinte carbone élevée. Les derniers écrans 4k sont beaucoup plus énergivores. 

Alors que faire ?

Tout n'est pas noir et décidé, on peut encore changer de mode de consommation pour réduire l'impact environnemental de la pratique du jeu vidéo.

On doit par exemple essayer d'utiliser longtemps nos consoles ou nos écrans, pour ne pas céder à l'innovation dès qu'elle est disponible. On peut aussi privilégier l'achat de jeux en physique pour les consoles ou les PC pour ne pas favoriser le cloud gaming. Il faut arriver à rester responsable sans pour autant arrêter de jouer. Le passage à plus d'énergie renouvelable pour alimenter les data centers ou même les foyers devrait aussi améliorer la situation.