Bien que les premiers travaux destinés à émuler une machine sur une autre remontent aux années 1960, c'est au milieu des années 1990 que les ordinateurs personnels sont devenus techniquement assez avancés pour démocratiser la chose et proposer des logiciels capable de mimer fidèlement le comportement des premières consoles.
Une gestation rapide
Les premiers émulateurs ont fait leur apparition avec toutes leurs approximations et leurs lacunes. Il n'émulaient souvent les systèmes qu'ils visaient que de façon incomplète et plantaient régulièrement. Seulement, les fabricants ayant communiqué sur les spécifications techniques de leurs matériels, les programmeurs amateurs s'en donnèrent à coeur joie via le retro engineering.
Victimes de leur succès, ce sont les consoles de Nintendo qui furent les plus largement disséquées. C'est ainsi que les émulateurs les plus avancés furent l'émulateur de la Nintendo NES sur pc, mais aussi celui de la SNES ou de la Game Boy comme iNES, Super Pasofami ou encore VirtualGameBoy, les programmes les plus célèbres de cette époque pionnière. Chose intéressante, du coté de Sega, la Megadrive fut la première console à pouvoir en faire tourner une autre, capable qu'elle était de faire tourner un émulateur NES grâce au travail d'un certain Yuji Naka.
Dans l'illégalité la plus complète (parlons ici de vide juridique), de plus en plus de passionnés ont pu s'essayer à l'émulation, d'autant qu'une nouvelle génération d'émulateurs alllaient révolutionner le contexte. C'est ainsi que les célèbres Snes9x et ZSNES (émulateur super Nintendo pour pc) terminèrent de démocratiser l'émulation, au grand dam de Nintendo.
L'émulation - le supplément d'âme
Avec cette révolution des capacités et des possibilités d'émuler des jeux, une forte communauté s'est tout naturellement formée autour du piratage de ROM, du homebrew, du hacking et des traductions. Elle contribua à faire connaître un maximum de jeux au monde entier, comme par exemple ce Final Fantasy V qui, une fois traduit, pu sortir enfin du Japon..
Il suffit de regarder quelques secondes la section homebrews de Rom Game, on ne peut qu'être reconnaissant de l'abnégation et du talent de certains développeurs : corrections de bugs du jeu original, mise à jour des jeux, anti-aliasing ou fonctionnalités supplémentaires... les émulateurs sont les bons génies du joueur et le cauchemard des ayants droit.
Certains grands constructeurs on su prendre d'ailleurs la balle au vol : ainsi, la Xbox 360 n'était rétro-compatible avec les jeux Xbox que grâce à un émulateur, tandis que la PlayStation 3 utilisait directement du matériel physique de la PlayStation première du nom pour jouer ses jeux.
Coté studios et développeurs, Square Enix et Sega ont réédité bon nombre de leurs titres sur Playstation, Game Boy ou encore Nintendo 3DS. Et du coté de Nintendo, Big N a finallement vu les possibilités offertes et propose sur ses dernières portables et Wii une émulation totalement commerciale avec la fameuse console virtuelle. Alter ego plus rentable que l'émulateur de la célèbre Nintendo 64 pour pc, la Wii permet ainsi de faire tourner toutes les anciennes consoles, de la Sega Mega Drive à la TurboGrafx, en passant par la PC Engine et les Nintendo 64, sans oublier certains jeux d'arcade.
L'émulation est à la fois un rêve d'enfant (pouvoir jouer à Metal Slug chez soi est un fantasme que peu d'enfants de l'époque pouvaient imaginer réalisable) et un véritable défi technique. Ce procédé rend également un grand service à la préservation du patrimoine vidéoludique et peut, le cas échéant, être la seule trace d'un jeu.
D'utilité publique bien qu'illégale dans sa pratique (à moins bien sûr de posséder les programmes originaux), l'émulation continuera toujours d'avancer, et, n'en déplaise aux grandes firmes, restera cet espace de liberté que nous chérissons tant !