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Neon Inferno : le run and gun cyberpunk qui embrase les écrans

Le studio new-yorkais Zenovia Interactive frappe fort avec Neon Inferno, son deuxième jeu après Steel Assault. Sorti le 19 novembre 2025 sur Steam, Nintendo Switch, PlayStation et Xbox, ce titre hybride mêle l'ADN de Contra et Wild Guns dans une proposition qui cherche à moderniser les codes du genre tout en respectant l'héritage arcade des années 90.
publié le 12 décembre 2025
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Un New York dystopique en 2055

L'action se déroule dans une métropole rongée par le chaos. Les syndicats criminels se disputent le contrôle des quartiers tandis qu'une police corrompue tente de maintenir un semblant d'ordre. Dans ce décor hostile, deux personnages jouables font leur apparition : Angelo Morano, assassin élevé depuis l'enfance par Don Venatori, chef de "La Famiglia", tiraillé entre loyauté et quête de rédemption ; et Mariana Vitti, ancienne voleuse de la haute société qui a troqué sa vie confortable contre l'adrénaline du crime organisé.

Le pixel art style 32 bits déploie une débauche de néons, d'effets d'éclairage contemporains et de détails fouillés. Les décors varient du Bronx dévasté aux jardins cossus de Manhattan, chaque environnement rivalisant de profondeur visuelle. La direction artistique bénéficie du talent de Tsukasa Jun, illustrateur japonais connu pour son travail chez Capcom et Psikyo, ainsi que de l'artiste coréen ETAMA. La bande sonore oscille entre synthétiseurs et guitares électriques, renforçant cette atmosphère cyberpunk saturée. Un véritable trip régressif qui rappelle les après-midis d'adolescence devant les bornes d'arcade, mais avec la générosité visuelle d'un jeu moderne.

Deux plans de jeu simultanés : brillant sur le papier

La particularité de Neon Inferno réside dans sa mécanique hybride : l'action se déroule simultanément au premier plan et en arrière-plan. Cette approche rappelle NAM 1975 de SNK ou le cultissime Wild Guns sur Super Nintendo, mais avec une fluidité accrue. Les joueurs doivent gérer deux zones de combat en alternant constamment entre tir direct et visée vers le fond de l'écran. Un système de "bullet time" permet de ralentir temporellement l'action pour dévier les projectiles ennemis et les renvoyer à l'expéditeur.

Le concept séduit immédiatement, dans la lignée d'un Huntdown, mais la réalité manette en main divise. Cette complexité exige un temps d'adaptation considérable, d'autant que la gestion simultanée des deux plans génère une certaine confusion. Maintenir la gâchette droite pour viser l'arrière-plan tout en esquivant les projectiles provenant des deux zones crée rapidement une surcharge cognitive. La lisibilité des attaques ennemies souffre également de cette densité visuelle, rendant l'anticipation difficile. Pour ceux qui souhaitent découvrir d'autres expériences du genre, Iron Meat propose également une approche moderne du run and gun dans la veine de Contra.

Difficulté arcade assumée... mais contestable

Le niveau d'exigence reste élevé, même en mode facile. Les ennemis attaquent sans relâche depuis tous les angles, les boss disposent de patterns variés nécessitant mémorisation et précision. La courbe de progression s'avère particulièrement abrupte : à peine le temps d'assimiler les bases que le jeu exige déjà une maîtrise approfondie. Pour un mode novice, certains jugent l'équilibrage mal calibré, donnant l'impression d'être sanctionné avant même d'avoir intégré les mécaniques.

Le système d'amélioration des armes illustre cette philosophie contestée. Le principe semble attractif : accomplir des missions, accumuler des fonds, améliorer son arsenal. Pourtant, une note médiocre peut réduire les récompenses à néant, créant des situations de blocage où impossible de progresser sans recommencer des sections entières. Les affrontements de boss multiplient les phases sans point de sauvegarde intermédiaire, transformant chaque erreur en retour à la case départ. Certaines séquences en scrolling forcé exigent de jongler entre premier plan, second plan et esquive tandis que l'écran avance inexorablement, avec une précision de visée qui laisse à désirer.

Le mode arcade avec un seul crédit, sans points de sauvegarde, s'adresse aux puristes cherchant le défi ultime. Cette philosophie de game design tranche avec des productions plus accessibles. Zenovia Interactive avait déjà proposé un travail similaire avec Steel Assault en 2021, un jeu d'action 2D qui rendait hommage aux classiques des années 90.

Réactivité du studio face aux critiques

Des filtres visuels optionnels simulent l'affichage CRT avec scanlines pour renforcer l'immersion rétro. La version Switch souffrait au lancement de ralentissements notables, depuis corrigés par correctif. Le studio new-yorkais démontre une écoute attentive des retours de la communauté et déploie régulièrement des mises à jour pour affiner l'expérience. Cette réactivité mérite d'être soulignée, même si elle ne résout pas entièrement les problèmes d'équilibrage fondamentaux. Fondé par Sri Kankanahalli, Zenovia Interactive s'est construit une réputation en revisitant les genres classiques avec une identité visuelle forte.

Le développement de Neon Inferno a mobilisé une équipe internationale travaillant à distance, enrichie par la contribution de vétérans comme Koji Ogata, connu pour Double Dragon et Guilty Gear. Les amateurs du genre trouveront également leur bonheur avec la démo disponible sur Steam, qui permet de se faire une première impression avant l'achat.

Neon Inferno cristallise un paradoxe : brillant dans ses ambitions, inégal dans son exécution. Le pixel art somptueux, l'atmosphère cyberpunk prenante et le concept novateur séduisent immédiatement. La fusion entre run and gun et gallery shooter fonctionne techniquement, le titre tourne remarquablement sur toutes les plateformes. Pourtant, la réalisation manette en main divise : surcharge cognitive, lisibilité perfectible, équilibrage discutable. Les nostalgiques de l'arcade apprécieront cette exigence assumée, mais d'autres regretteront un potentiel gâché par des choix de game design contestables. Le studio démontre néanmoins une capacité d'écoute prometteuse pour ses futures productions.

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Sources : Site officiel de Neon Inferno, Steam, Zenovia Interactive

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