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Segagaga sur Dreamcast : la traduction anglaise arrive enfin

Près de 25 ans après sa sortie japonaise exclusive, Segagaga s'apprête à franchir la barrière de la langue. Ce titre culte de la Dreamcast, véritable testament ludique de SEGA en tant que constructeur de consoles, sera bientôt accessible aux anglophones grâce à un projet de traduction amateur mené à son terme après six années de labeur.
publié le 8 décembre 2025
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Un projet de longue haleine qui touche à sa fin

L'histoire des tentatives de traduction de Segagaga ressemble à une saga en elle-même. Un premier projet avait vu le jour dans les années 2000, avant de sombrer dans l'oubli sans donner de nouvelles, laissant les fans sur leur faim. Mais en 2020, une nouvelle initiative a émergé, portée par Exxistance, figure respectée de la communauté des traducteurs amateurs SEGA. Après avoir diffusé des aperçus du premier chapitre traduit et six ans de travail continu, le responsable du projet a récemment confirmé sur le forum Dreamcast-Talk que la publication du patch de traduction était imminente. Son prochain message sur le forum contiendra le lien de téléchargement tant attendu.

Le projet inclut également une traduction intégrale du manuel du jeu, élément particulièrement bienvenu compte tenu de la complexité de Segagaga. Les développeurs ont dû surmonter des obstacles techniques considérables, notamment liés à la compression du texte, un problème qui avait fait échouer plusieurs tentatives précédentes. La scène homebrew Dreamcast continue ainsi de démontrer sa vitalité, à l'image du récent portage de WipEout qui témoigne du dynamisme de cette communauté passionnée.

Un simulateur délirant au cœur de l'histoire de SEGA

Sorti le 29 mars 2001, Segagaga représente le chant du cygne de la Dreamcast et, symboliquement, de la carrière de constructeur de SEGA. Dans ce jeu de rôle atypique développé par Hitmaker (anciennement AM3), le joueur incarne un jeune employé nommé Taro, recruté pour sauver SEGA de la faillite. L'entreprise ne détient plus que 3% du marché des consoles en 2025, face à son rival hégémonique Dogma, référence transparente à Sony et à la domination de la PlayStation.

Le titre mêle plusieurs genres : RPG au tour par tour, simulation de gestion de studio et collection de mini-jeux. Les combats opposent le joueur à des développeurs mutants démoralisés qu'il faut convaincre de reprendre le travail, non pas à coups d'épée, mais par des cris et des insultes comme "ton jeu est nul" ou "tu n'auras jamais de copine". Une fois recrutés, ces employés doivent être managés pour créer des jeux qui sauveront l'entreprise. Le tout est truffé de références à l'univers SEGA, avec des apparitions de Sonic, des personnages de Virtua Fighter ou encore d'After Burner.

Une œuvre prophétique et auto-parodique

L'histoire du développement de Segagaga est aussi singulière que le jeu lui-même. Son créateur, Tetsu Okano, a d'abord travaillé seul pendant deux ans avant de présenter son projet aux cadres de SEGA, qui l'ont initialement pris pour une plaisanterie. Avec un budget représentant environ 1% de celui de Shenmue, le jeu a finalement été produit avec des moyens dérisoires. Okano n'a reçu que 200 dollars pour le marketing, somme qu'il a investie dans un masque de catcheur porté lors de séances de dédicaces. Les cinématiques ont été réalisées par le prestigieux studio Toei Animation (Dragon Ball, Sailor Moon), qui a accordé une réduction tarifaire face aux ressources limitées du projet.

Initialement prévu en téléchargement numérique, le succès surprise du titre au Japon lui a valu une sortie physique et même une édition collector. Environ 34 000 exemplaires auraient été vendus. Le jeu n'a jamais été localisé en Occident, ce qui a contribué à son statut culte. Bien que des guides rédigés par des fans permettaient déjà de terminer l'aventure, cette traduction intégrale offrira enfin une expérience complète aux joueurs anglophones. La communauté homebrew multiplie les initiatives pour faire revivre le catalogue de la console à spirales, comme l'illustre également l'adaptation récente de Mario Kart 64.

Exxistance, traducteur chevronné de l'univers SEGA, a également œuvré sur d'autres projets notables comme la traduction de Shinrei Jusatsushi Taromaru et l'amélioration de la version anglaise de Willy Wombat, tous deux sortis sur Saturn. Son travail s'inscrit dans une longue tradition de passionnés préservant le patrimoine vidéoludique de SEGA.

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Sources : Sega-Mag, Dreamcast-Talk, Time Extension, RTBF

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