Hotline Miami - Kill Bill version Twin Peaks

Lorsqu'un jeu impose une telle claque avec aussi peu d’hésitation, les joues vous brûlent longtemps. On aura rarement vu un jeu indé faire aussi peu de concessions et offrir une telle cohérence dans son credo : nous rendre cinglé.
publié le 10 février 2013 mis à jour le 23 avril 2024
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Chaque style de jeu a son représentant. Doom est le symbole du FPS gore, Civilisation le porte drapeau du jeu de gestion/stratégie, Hotline Miami s'affirme comme le parrain de tous les jeux indépendants et néo-rétro réunis, la figure de proue de tout un univers fourmillant et transgressif.

LE JEU

Sorti en Octobre 2012 et interdit aux - de 18 ans, Hotline Miami est un jeu d'action en vue aérienne réservé pour l'instant aux possesseurs de PC.

Vous y incarnez un psychopathe qui reçoit d'étranges messages téléphoniques lui demandant d'aller massacrer des malfrats. Il faudra donc vous rendre dans leurs repères et les tuer les uns après les autres en vous montrant tantôt discret, tantôt barbare.

Fait pour les fans de scoring, délicieusement pixellisé et old school dans sa réalisation, vue aérienne "top-down shooter" à la Alien Breed ou à la GTA, le tout porté par une bande son à se damner, Hotline Miami est un jeu à la qualité vraiment exceptionnelle.

 
OST de Hotline Miami - Miami Disco - Electric Dreams et Inner Animal sont des petites perles !

UN CHEF D'OEUVRE DE SERIE B

Pour le coup on est vraiment ici en présence d'un jeu néo-rétro qui utilise et détourne les codes de l'ancienne école vidéo-ludique pour une création tout à fait originale.

Souvenez-vous du film Drive de Nicolas Winding Refn et vous comprendrez de quel genre de virtuosité ont été capables les développeurs de Dennaton Games : de la même façon que Winding Refn reprend les codes et les figures du cinéma d’exploitation des années 80 pour en faire l’horizon référentiel de son film à lui,  Jonatan Soderstrom et Dennis Wedin s'emparent des références connues pour en faire un véritable OVNI.

MIAMI HORROR

Le gameplay est primaire mais exigent, nerveux jusqu'au bestial : je me déplace avec le clavier, je flingue avec ma souris comme dans un FPS 2D sous acides. Une seule balle, un seul coup de couteau et c'en est fini ! On recommence au début de l'étage où l'on se trouvait : tout participe à nous rendre complètement cintré et plein de haine. Une petite note à la Carmagedon en fin de niveau vous incitera d'ailleurs à plus de cruauté.

Si vous réalisez un score suffisant en fin de stage, un masque d’animal vous sera octroyé, vous attribuant un pouvoir spécial : le loup permet de commencer avec un couteau, la girafe de voir plus loin, le cheval de tuer les gardes avec les portes plutôt que les assommer… vingt-cinq masques comme autant d'expériences vaudoues qui contribuent à l'étrangeté et à la perte de vos repères...

Ce jeu est exemplaire de part sa réalisation et par son leitmotiv. Lorsqu'un jeu vidéo s'applique à faire coïncider la forme et le fond avec autant de réussite, on se rapproche pour le coup de très prêt de ce qu'est à mon avis une oeuvre d'art.

Je soupçonne d'ailleurs les quelques bug (freeze du jeu en pleine action, personnages emmurés...) de ne pas être là par hasard mais distillés volontairement par Jonatan Soderstrom etDennis Wedin.

Pour terminer, une petite info : à l'heure où nous écrivons ce billet, le jeu aurait été piraté à des niveaux extraordinaires et le titre de Dennaton Games se serait vendu à plus de 130.000 exemplaires en seulement sept semaines. Signe que lorsque l'on fait quelque chose d'original on a du succès. Fou non ?

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