
Le musicien électronique allemand Denis Karimani, connu sous le nom de Remute, clôture l'année 2025 avec un projet aussi audacieux qu'inattendu. Après avoir célébré les quarante ans de l'Amiga via un album sur CD32, l'artiste hambourgeois présente Incel, une œuvre en trois volets qu'il considère comme son travail le plus ambitieux à ce jour.
Cette trilogie musicale aborde un sujet contemporain sensible : la culture incel et ses codes toxiques. Loin de glorifier ce mouvement, Remute utilise sa démarche artistique pour questionner les mécanismes d'isolement et de radicalisation qui touchent une partie de la jeunesse masculine. Le musicien transforme cette thématique sombre en explorant les capacités sonores de trois ordinateurs emblématiques des années 1980.
Trois machines, trois univers sonores distincts
Chaque volume de Incel est conçu pour une plateforme spécifique. Le premier opus, disponible depuis début décembre sur cassette ZX Spectrum au prix de 24,99 euros, exploite le son 1-bit caractéristique de la machine britannique. Le deuxième volet, commercialisé le 18 décembre sur disquette Atari ST pour 18,99 euros, tire parti de la puce PSG et de ses sonorités chiptune typiques. Le troisième chapitre, prévu pour le 24 décembre sur disquette Amiga au même tarif, met en valeur la légendaire puce Paula qui a marqué les débuts de la techno et de la house.
L'ensemble totalise quinze pistes, chacune portant le nom d'un terme emblématique de la culture incel : Chad, Stacy, Red Pill, NEET ou encore Based. Contrairement à de simples fichiers audio compressés, la musique est générée en temps réel par les puces sonores des machines, fidèle à l'approche technoptimiste qui caractérise le travail de Remute depuis ses premiers albums sur cartouche.
Une démarche militante assumée
Au-delà de la prouesse technique, ce projet porte une dimension sociale. Remute reverse une partie des bénéfices à HateAid, une organisation à but non lucratif qui défend les droits humains sur internet. Cette initiative illustre la volonté de l'artiste d'utiliser la musique comme vecteur de réflexion sur des problématiques sociétales contemporaines.
Le musicien, qui a déjà sorti des albums sur des supports aussi variés que la Nintendo 64, la Game Boy, la Mega Drive ou encore la Dreamcast, confirme sa position unique dans le paysage de la musique électronique. En refusant systématiquement les plateformes de streaming, il privilégie les supports physiques vintage, transformant chaque album en expérience interactive complète avec lecteurs audio personnalisés et graphismes en pixel art.
Sources : Le Mag de MO5.COM, Bandcamp Remute
Tags : Remute