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Quand un Atari 130XE devient laptop : le projet XEBOOK

Tavis Hord dévoile la troisième révision du XEBOOK, transformant un Atari 130XE authentique en laptop portable avec écran full HD, audio stéréo et six heures d'autonomie.
publié le 29 décembre 2025
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Le développeur américain Tavis "Sideburn" Hord vient de dévoiler un nouveau chapitre de son projet XEBOOK, cette ambitieuse conversion d'un ordinateur Atari 130XE authentique en machine portable fonctionnelle. À travers une vidéo détaillée, il documente l'intégralité du processus de fabrication, révélant les améliorations structurelles majeures qui distinguent cette troisième révision des tentatives précédentes.

Contrairement aux premiers prototypes, où les limitations de son imprimante 3D imposaient un châssis assemblé en plusieurs morceaux avec une séparation centrale inesthétique, Hord présente désormais un procédé beaucoup plus abouti. Le développeur part d'une carte mère d'origine dont il retire et remplace par des supports certains composants critiques comme le GTIA, la ROM, le MMU et, selon les configurations, la puce POKEY pour installer un PokeyMAX v4.

Une refonte technique approfondie

La vidéo expose en détail comment, après avoir éliminé le modulateur RF, les connecteurs vidéo et d'alimentation ainsi que l'interrupteur d'origine, Hord modifie la carte en câblant directement un connecteur depuis le port SIO et en intégrant un module FujiNet. S'ajoutent l'installation de la carte vidéo Sophia II — et dans les révisions récentes également Sophia 3 — accompagnée d'une carte sur mesure convertissant le connecteur TE en micro HDMI pour le panneau LCD. Une extension Ultimate 1MB et un système de gestion de l'énergie complètent l'ensemble, réduisant les 11,1 volts du pack de batteries aux cinq volts nécessaires pour la logique, l'audio et l'écran.

Le dispositif comprend des indicateurs de niveau de batterie, un amplificateur stéréo, des supports imprimés en 3D pour le clavier et la batterie, ainsi qu'un système élaboré de guides qui exploite au maximum les trous existants de la carte 130XE. Cette approche rappelle l'ingéniosité déployée dans d'autres projets rétro, comme la console portable Atari Gamestation Go, qui marie également matériel vintage et fonctionnalités contemporaines.

Un mécanisme de charnières repensé

Une large partie de la vidéo se concentre sur le boîtier conçu dans Fusion 360 et sur la troisième révision du système de charnières. Hord explique avoir abandonné la solution initiale à charnière unique avec tension, jugée trop fragile, au profit d'un schéma à deux charnières démontables et axes indépendants permettant d'introduire d'abord le câblage de l'écran LCD avant de fixer précisément l'affichage. Cette refonte distribue mieux les forces mécaniques, évite les torsions et laisse l'intérieur si ajusté qu'il ne subsiste pratiquement aucun espace libre. Les haut-parleurs s'emboîtent via des clips, des aimants maintiennent le couvercle fermé et des fibres optiques acheminent les indicateurs lumineux jusqu'à la façade.

L'objectif consiste à conserver quasiment la hauteur, la largeur et la profondeur d'un Atari 130XE standard, exploit que le créateur parvient à réaliser au millimètre près, comme le montrent les coupes transversales. Le clavier ne touche pas l'écran LCD et la carte Ultimate 1MB ne heurte pas les haut-parleurs. Ce souci du détail évoque l'esprit artisanal qui anime également la scène homebrew sur ordinateurs Atari 8-bits, où les développeurs repoussent les limites du matériel d'origine.

Performances et autonomie

Le concepteur montre l'appareil en fonctionnement avec un écran full HD de 1920×1080 pixels opérant en résolutions internes comme 1344×960, un audio stéréo amplifié grâce au PokeyMAX, et une autonomie estimée autour de six heures et demie, avec une recharge complète en deux heures lorsque l'appareil est éteint. Le système démarre depuis FujiNet via Wi-Fi et dispose de boutons physiques imprimés en 3D pour le reset, le soft reset prolongé et le changement de disques. La philosophie demeure identique à celle des versions précédentes : un ordinateur Atari portable fondé intégralement sur du matériel authentique, enrichi par U1MB, Sophia et une connectivité moderne, sans sacrifier l'esthétique ni les dimensions classiques.

Sur le forum AtariAge, Hord précise qu'il s'agit de la troisième révision du projet et qu'il n'a commercialisé que deux unités, chacune exigeant entre 20 et 30 heures de travail. Le coût des matériaux avoisine les 800 dollars — comprenant la carte mère, le clavier, U1MB, Sophia, FujiNet, la batterie, le panneau LCD et le PokeyMAX —, montant qui avait même dépassé les 900 dollars dans ses premiers calculs. Pour réduire les dépenses, il envisage d'acquérir une machine CNC lui permettant d'usiner lui-même les petites pièces des charnières, dont la fabrication externe lui coûtait plus de 100 dollars par lot.

Avec cette nouvelle vidéo, le XEBOOK confirme non seulement la faisabilité de transformer un Atari 130XE en laptop réel, mais illustre aussi le niveau d'ingénierie artisanale requis pour comprimer plusieurs décennies de matériel informatique dans un format portable sans compromis. Un projet qui témoigne de la vitalité de la communauté passionnée d'Atari et de l'attrait persistant pour ces machines mythiques.

L'Atari 130XE, une machine de transition

Lancé en 1985 lors du CES de Las Vegas, l'Atari 130XE représente la dernière génération d'ordinateurs 8-bits de la marque, baptisée gamme XE pour "Line Enhanced". Sous l'impulsion de Jack Tramiel, qui venait de quitter Commodore et souhaitait préparer le terrain pour sa future ligne 16-bits ST, cette machine se voulait l'héritière directe de la série XL. Techniquement, le 130XE s'architecturait autour d'un chipset 6502C cadencé à 1,79 MHz (NTSC) ou 1,77 MHz (PAL), épaulé par quatre puces spécialisées : Freddy pour la gestion de la mémoire, POKEY pour le son et les ports, ANTIC pour la vidéo et les entrées/sorties, et GTIA pour le graphisme. Doté de 128 Ko de RAM et d'une interface ECI (Enhanced Cartridge Interface) pour les extensions, il demeurait néanmoins essentiellement un 800XL réempaqueté dans un boîtier au design préfigurant les futurs ST. Malgré ces caractéristiques honnêtes et une compatibilité avec le vaste parc logiciel Atari 8-bits, la machine n'a jamais rencontré le succès commercial espéré, éclipsée par la domination du Commodore 64 et l'arrivée imminente des ordinateurs 16-bits.

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Sources : Atariteca, AtariAge Forums

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