
Élargir la définition même du gaming
Première stratégie : ne plus limiter le gaming aux franchises classiques comme FIFA ou Call of Duty. Console traditionnelle ou non, le gaming s’étend aujourd’hui à toutes les formes de divertissement interactif. Cette extension de la définition permet de toucher des publics qui ne se seraient jamais considérés comme “gamers”. À commencer par les joueurs occasionnels et réguliers des casinos en ligne, par exemple.
Pour ceux qui n’y connaissent rien encore, il s’agit de plateformes web ou mobile où on retrouve les mêmes jeux que dans un casino physique. Poker, roulette, blackjack, machines à sous : tous ces jeux classiques sont disponibles. La différence ? On y joue depuis son canapé, sur son smartphone ou son ordinateur, sans avoir besoin de louvoyer jusqu’à Biarritz, Deauville ou Enghien-les-Bains.
Concrètement, on crée un compte et on joue à des mini-tournois de table et autres jeux en ligne avec des cryptos ou des euros traditionnels. En effet, les opérateurs européens acceptent depuis longtemps les dépôts d’argent par carte bancaire, mais en raison des frictions régulières avec les banques (dont beaucoup considèrent avec méfiance l’activité ludique de leurs clients sur ces sites…même occasionnelle), Bitcoin et Ethereum sont les nouvelles devises préférées des joueurs.
Pourquoi considérer cela comme du gaming ? Parce qu’il y a tout ce qui caractérise le jeu : interaction en temps réel, prises de décisions et stratégie, courbe d’apprentissage, etc. Au poker notamment, sur un mini-tournoi à 1000 le samedi soir, la dimension stratégique est comparable à celle d’un jeu vidéo compétitif ! Les compétences comptent autant, sinon plus, que la chance pure.
Transformer le jeu en expérience sociale et communautaire
Deuxième stratégie : pousser le gaming pour devenir plus social et dépasser le simple fait de jouer seul chez soi. Autrement dit, le jeu transformé en spectacle et en expérience partagée. Le gaming n’est plus seulement ce qu’on fait, c’est aussi ce qu’on regarde, ce qu’on partage, ce qui crée du lien.
Ce n’est pas un hasard si le spot publicitaire pour Mario Kart World sur la toute nouvelle Nintendo Switch 2 fait appel à Kevin Tran, Denis Brogniart et même Marine (connue pour avoir fait la Star Academy). Quasiment 40 secondes achetées sur un créneau en prime time quotidien, c’est assez révélateur.
Le boom du streaming de jeux vidéo illustre parfaitement cette transformation. Sur des plateformes comme Twitch ou YouTube Gaming, des millions de personnes regardent d’autres jouer. Cela peut sembler étrange au premier abord : pourquoi regarder quelqu’un jouer plutôt que jouer soi-même ?
Pour la même raison qu’on regarde du sport à la télé plutôt que de courir un marathon : le divertissement, l’admiration du talent, le sentiment d’appartenance à une communauté. L’interaction en direct via le chat crée une dimension sociale que le jeu solo ne peut pas offrir. Voilà pourquoi l’esport, ces compétitions de League of Legends, Counter-Strike ou Dota 2 remplissent des stades entiers, avec des “prize pools” atteignant des millions de dollars.
D’ailleurs, les jeux eux-mêmes intègrent désormais cette dimension sociale dès leur conception. Les MMO (jeux massivement multijoueurs en ligne) créent des communautés durables où certains jouent ensemble pendant des années. Discord et les forums spécialisés permettent au jeu de continuer même quand on ne joue pas.
Intégrer le gaming dans la culture et le lifestyle quotidien
Troisième stratégie : intégrer le gaming dans notre vie quotidienne. En clair, pousser les mécaniques et l’esthétique du gaming pour imprégner les aspects de notre culture et devenir une sorte de langage culturel. On parle de “gamification” dans le jargon des publicistes professionnels et des spécialistes du management.
Et la gamification est à l’œuvre partout. Des applications de fitness comme Strava utilisent des mécaniques de jeu afin de motiver les utilisateurs : “achievements” à débloquer, classements entre amis, défis à relever, etc.
Même tendance dans les applis d'apprentissage des langues comme Duolingo et Memrise. Ces applications ne sont pas des jeux au sens strict, mais elles empruntent tous les codes du gaming pour rendre l’expérience plus engageante.
L’aspect ludique devient une sorte de fil rouge du quotidien. On regarde Game One au détour d’un petit déjeuner pris sur le pouce. On écoute la bande originale d’un jeu en allant au travail. On porte des vêtements inspirés d’univers gaming. On utilise des apps gamifiées pour progresser dans ses objectifs. Des séries Netflix comme The Last of Us ou Arcane adaptent des univers de jeux vidéo pour toucher un public mainstream. Le gaming inspire désormais le cinéma, la musique, la mode, créant des ponts culturels qui n’existaient pas il y a dix ans.